Si vous saviez à quel point les personnes prennent mal leur traitement, et suivent mal leurs ordonnances; même votre médecin est susceptible d’être sujet à cette difficulté, en tout cas c’est aussi la mienne (Ne dit-on pas que les cordonniers sont les plus mal chaussés ? )
Je peux vous trouver des chiffres qui démontrent cela, mais, après tout, il s’agit des autres. En fait, cela veut simplement dire que finalement tout le monde a le même problème. Tout le monde, et pas seulement pour des maladies psychiques.
Alors, savoir cela peut nous encourager à en parler, à nos proches, aux professionnels. Car au delà de l’aspect très mathématique, pris/ pas pris, se cache souvent des raisons multiples. Fatigue, lassitude, mauvaise tolérance du traitement avec des effets secondaires. Ou pas d’effet du traitement, à quoi bon le prendre alors ? (Mais l’a-t-on suffisamment pris pour qu’il ait le temps d’agir ?) Désaccord avec le diagnostic évoqué, ou traitement imposé.
Ensuite, on vous parlera peut-être du pilulier. Vous pensiez que c’était plutôt réservé aux personnes âgées qui perdent la mémoire. Mais c’est aussi un bon moyen d’assurer la prise quotidienne, et de la RITUALISER. Le mot clé, c’est cela, Ritualiser, le faire sans que cela ne nous coûte plus. Ne plus y penser, comme on se lave les dents le soir. A tel point, que justement, si on ne le fait pas, on le remarque et se rattrape.
Et puis, on peut se faire aider très concrètement par une personne. Non pas que nous ne savons pas prendre un traitement, ou faire un pilulier, mais comme un accompagnement de plus dans cette lutte contre la maladie. Cela peut être un personne tierce qui nous aide, proche, infirmière. Certaines pharmacies proposent aussi ce service. Introduire une personne aidante dans cette tâche répétitive donne des occasions d’être accompagné, de savoir que l’on n’est pas seul sur ce chemin, de parler.
Pour conclure, voici donc les chiffres. D’abord rappelons que l’évaluation du critère d’observance est difficile. L’OMS a fait sur ce sujet une recherche en 2003 1 estimant à 50 pour cent la proportion de personnes suivant leur traitement dans des pays développés. Pour la dépression seule, les chiffres semblent même encore plus faibles à 20 pour cent2. Il s’agit donc bien d’une question majeure…
- Adherence to long-term therapies: evidence for action. Geneva: World Health Organization, 2003 (site internet). Consultable sur : https://www.who.int/chp/knowledge/publications/adherence_full_report.pdf
- Place de l’inobservance dans le trouble dépressif et sa résistance : état des lieux, A. Yrondi, French Journal of Psychiatry, Volume 1, Supplement,2018, Pages S98-S99,