Sujet oh combien important, mais oh combien oublié de nos consultations. Sujet que je place dans deux catégories d’articles sur ce blog. C’est que souvent on a tendance à incriminer une baisse de la libido au traitements, ce qui est évidemment tout à fait plausible. Mais cela peut être aussi un symptôme de maladie psychique. Alors, le but est de démêler tout cela. On n’ose pas en parler, le médecin omet de vous en parler. Cet article est là pour vous donner quelques pistes.
La chronologie
La chronologie est un élément très important d’orientation. C’est la temporalité de l’apparition de l’effet indésirable. Selon que cela se passe avant ou après l’introduction du traitement (pris régulièrement), on peut imaginer la cause possible.
les traitements
Les psychotropes sont largement pourvoyeurs d’effets indésirables d’ordre sexuels. Seulement, à l’heure actuelle, on ne peut pas prédire si cet effet aura lieu ou non chez une personne particulière. Donc la seule solution, c’est de voir avec la prise du traitement. On sait que certaines classes de traitement sont plus ou moins pourvoyeuses de ces effets indésirables, antidépresseurs sérotoninergiques notamment, moins pour les adrénergiques. La vortioxétine est un antidépresseur plutôt mieux toléré de ce côté-là (2).
Du coté des antipsychotiques, l’effet indésirable de l’hyperprolactinémie peut se manifester par des troubles sexuels, et parfois même une tension des seins voire un écoulement. Un dosage de la Prolactine permet d’orienter le diagnostic dans le cadre de cette famille de traitements.
la qualité de la relation de couple est directement impactée. Et ça, on peut aussi en parler. La relation intime que nous pouvons avoir avec notre conjoint, proximité physique, caresses, union sexuelle, participe à la vie de l’amour à deux. Les troubles psychiques quels qu’ils soient impactent sur nos émotions, le ressenti, et entraînent un changement de notre manière d’être habituelle, changement qui est perçu par le conjoint, et qui entraîne et sollicite souvent une adaptation de son attitude… A causes multiples (traitements, maladie, difficultés initiales dans la relation de couple), les troubles d’ordre sexuels touchent donc la vie du couple, qui elle même impacte notre corps et notre psychisme.
Donc, surtout ne pas rester seul si cela ne va pas bien de ce côté-là. Si l’on sent que cela est possible, le conjoint peut tout à fait venir à une consultation conjointe avec le psychiatre, ponctuellement, pour évoquer cette question. Anticipée, cette consultation peut permettre d’évoquer des questions communes pour le couple, et, préparer en amont la consultation permet de préserver le secret médical sur les sujets souhaités. Il existe bien sûr aussi des sexologues, formés spécifiquement pour évoquer ces questions.
- Paula L. Jacobsen, Atul R. Mahableshwarkar, Yinzhong Chen, Lambros Chrones, Anita H. Clayton, Effect of Vortioxetine vs. Escitalopram on Sexual Functioning in Adults with Well-Treated Major Depressive Disorder Experiencing SSRI-Induced Sexual Dysfunction, The Journal of Sexual Medicine, Volume 12, Issue 10, 2015, Pages 2036-2048,
- Chokka PR, Hankey JR. Assessment and management of sexual dysfunction in the context of depression. Ther Adv Psychopharmacol. 2018;8(1):13-23. doi:10.1177/2045125317720642