C’est un cri d’alarme que lance dans son livre Michel Desmurget. Si les apports des nouvelles technologies sont indéniables, elles présentent aussi des dangers encore trop peu connus. Après cette lecture, vous ne regarderez plus tout à fait votre smartphone de la même façon, ni votre télévision.
Les recherches en ce domaine sont de plus en plus nombreuses, et le propre de cette analyse est de s’appuyer sur des études scientifiques. Il ne s’agit donc pas d’une opinion que l’auteur cherche à illustrer, ni d’un pressentiment, mais d’une analyse de nombreuses études, toutes citées et référencées. Je savais que l’on recommande maintenant de limites les écrans pour les enfants; d’ailleurs, dans les salles d’attente des professionnels de l’enfance commencent à surgir de petites affichettes. Il est maintenant recommandé par une instance comme le CSA qu’avant trois ans, les écrans ne sont pas recommandés. Mais après ?? Le cerveau est-il différent ?! Pour reprendre une image utilisée par l’auteur, l’effet des écrans devient-il inoffensif à trois ans , tel le nuage de Tchernobyl qui, au moment de la catastrophe, s’arrêtait miraculeusement aux frontières ?
D’abord, il faut distinguer l’effet propre des écrans, et le temps pris sur d’autres activités potentielles qui n’auront jamais lieu. Celui-là est perdu à jamais, au détriment d’autres passe-temps, lecture, activité physique, temps d’apprentissage et jeux pour les enfants. Ce qui va plus loin encore, c’est le temps pris par notre propre utilisation, comme adulte, sur notre disponibilité à nos enfants. Et là encore, le résultat est sans appel: l’attention captée des adultes par leurs écrans retentit sur le niveau de langage de leurs enfants… Sans même que ceux-ci n’aient regardé la moindre parcelle d’écran! Dernier coup de marteau asséné par l’auteur, histoire d’enfoncer le clou : Même sans être ouverts, “en veille” dirons-nous, le portable a cette capacité de diminuer notre attention de manière nette. Présent, sur le bureau ou dans la poche, l’attention est déjà divisée par la sonnerie potentielle ou la lutte contre l’envie d’aller surfer par “fear of missing out” ou la peur de manquer une information sur les réseaux.
Passons maintenant à l‘effet direct de nos écrans. Effet sur l’attention, le sommeil, retard de langage, dépression . Contrairement à une idée reçue (“je regarde la télé pour m’endormir”) le sommeil est moins bon, avec un temps de sommeil total qui diminue, une hypersomnolence diurne, et un sommeil interrompu (50 pour cent des jeunes adultes ont leur sommeil interrompu par une sollicitation du téléphone ! ). En fait, les activités digitales nocturnes n’endorment pas, elles repoussent l’entrée dans le sommeil, et l’on tombe de fatigue, tout en dormant moins au total, car l’heure de lever reste inchangée…
Les programmes éducatifs pour les enfants en prennent aussi un coup, leur part réel sur le temps global d’écran s’avérant au final dérisoire. L’impact négatif des jeux vidéos n’est pas en reste… Quant aux programmes “jeunesse”, leur appellation rassure… faussement.
Un autre fait intéressant est que la même information, donnée en présentiel ou par diffusion via écran, est moins bien retenue dans ce dernier cas. Cela peut donner à réfléchir sur notre manière d’envisager la transmission des savoirs.
Les résistances à la prise de conscience sont également présentées par l’auteur. Résistance commerciale énorme, avec le fort lucratif marché des jeux vidéos, de la publicité pour les enfants sur les chaînes “famille” (les enfants sollicitant ensuite leurs parents…) et bien sûr les circuits neuronaux mis en jeux qui sont ceux de la récompense, et du plaisir qui en résulte.
Un livre à lire donc pour ses enfants, pour soi; pour mieux comprendre comment notre vie peut être impactée par les écrans, et qui vous mènera assurément à questionner votre propre utilisation. Car le temps des écrans des enfants est corrélé…. à celui des parents ! … et aux objets numériques accessibles à l’enfant. Ce sont donc aussi des pistes de solutions que propose l’auteur. Vous pouvez aussi retrouver des conférences de ce dernier sur internet.